21. PRÉDATEURS ET PROTECTION DES ENFANTS

Traite des prédateurs, c’est-à-dire les usagers qui utilisent l’anonymat d’Internet pour entrer en contact avec des enfants, et des mécanismes de prévention et de dépistage. 

1.1 Qu’est-ce qu’on entend par « prédateur »?

Le prédateur revêt plusieurs visages, par exemple un individu qui utilise l’anonymat de la plateforme participative pour entrer en contact avec des enfants.Un prédateur exploite la naïveté des jeunes qui, par manque d’expérience, auront moins tendance à se méfier. Il peut utiliser une tactique de tromperie en se faisant passer pour un enfant ou encore se présenter dès le départ comme un adulte et séduire ses victimes en leur manifestant de l’attention, de la gentillesse et de l’affection. L’objectif du prédateur est généralement une forme quelconque d’infractions sexuelles :

  • Demander à l’enfant de lui envoyer des contenus explicites de lui-même;
  • Encourager la participation à des activités de nature sexuelle via une webcam;
  • Initier une conversation à connotation sexuelle via le clavardage;
  • Convier l’enfant à un rendez-vous en personne, etc.

1.2 Quels sont les mécanismes de prévention?

Prévenir la présence de prédateurs sur votre plateforme passe essentiellement par vos méthodes de modération. Le code de bonne conduite numérique détermine les comportements qui ne sont pas tolérés et votre stratégie de modération s’assure que ces règles soient respectées.

1.3 Comment dépister les prédateurs?

Les principales manières de les dépister sont la surveillance des interactions par les modérateurs et le traitement des plaintes issues du mécanisme de signalement.

Les prédateurs savent que la plupart des plateformes jeunesse sont étroitement modérées. Ils vont donc rarement prendre le risque d’y poser des gestes facilement détectables. Ils essaient plutôt d’obtenir des informations pour contacter l’enfant à l’extérieur de votre plateforme, dans un environnement moins contrôlé. Portez attention aux demandes répétées et insistantes pour obtenir des données personnelles (âge, adresse, ville de résidence, etc.) ou pour se retrouver sur une autre plateforme (ex. Facebook ou Skype).

Attention! Violation n’égale pas toujours prédateur. Les enfants transgressent aussi les règles, c’est un comportement « normal ». Par contre, le prédateur a tendance à commettre la même violation à répétition. Par exemple, après un certain nombre d’avertissements pour de la sollicitation d’informations personnelles, vous fermez le compte d’un usager. Par la suite, la même adresse courriel s’ouvre un nouveau compte sous un nouveau pseudonyme et commet encore le même type de violations.

Un prédateur peut faire preuve de patience en bâtissant une relation avec l’enfant où il accumulera des données petit à petit. Ce genre d’approche est plus difficile à détecter, mais des logiciels de croisement de données arrivent à relever ces comportements.

1.4 Quoi faire si vous croyez avoir identifié un prédateur sur votre plateforme?

Si vous pensez avoir identifié un potentiel prédateur sur votre plateforme, ne prenez pas ces présomptions à la légère. Les infractions sexuelles envers un mineur sont couvertes par les codes criminels des pays occidentaux. Vous avez l’obligation morale et légale de rapporter les comportements suspicieux à l’égard des enfants.

Vous devez garder le compte actif pour permettre une enquête et amasser des informations sur le prédateur soupçonné : pseudonyme, adresse courriel, commentaires, historique des conversations, etc. Transmettez ces informations au service de police locale ou à un organisme responsable de la protection des enfants. Ils évalueront le dossier et vous indiqueront la marche à suivre. Pour une liste d’organismes par pays, veuillez consulter la section ci-dessous.

L’exploitation sexuelle des enfants sur le web est un acte criminel. En tant qu’opérateur de plateforme jeunesse, vous avez le devoir de rapporter les comportements suspicieux aux autorités. Il existe quelques instances auxquelles vous pouvez rapporter :

  • Police locale;
  • Agence de protection de l’enfance nationale;
  • Organismes internationaux avec le mandat de protéger les enfants contre l’exploitation sexuelle sur Internet.

Peu importe à quelle instance vous rapportez le prédateur potentiel, votre signalement sera évalué et les cas problématiques seront référés au service de police locale. Celui-ci prendra les mesures requises et vous indiquera la marche à suivre. Voici une liste des grands organismes par pays :

ORGANISMES INTERNATIONAUX

CANADA

ÉTATS-UNIS

FRANCE

AUSTRALIE

Les magasins d’applications mobiles ne font pas de mentions particulières aux prédateurs sexuels dans leurs conditions d’utilisation.
  • Vous avez la responsabilité de prévenir et d’agir pour protéger votre public qui est une clientèle vulnérable. La sécurité des usagers devrait être une priorité et, à cette fin, vous devez prévoir les ressources financières, techniques et humaines nécessaires pour supporter une stratégie de modération du contenu et des usagers adaptée à votre produit;
  • La modération du contenu et des usagers doit être adaptée aux fonctionnalités et au public :
  • Plus il y a de possibilités d’interaction entre les usagers, plus vous devez être vigilant;
  • Des études démontrent que les jeunes les plus à risque ne sont pas les plus petits, mais bien les préados et les ados. Redoublez de prudence avec ces clientèles;
  • Choisissez vos modérateurs avec soin et formez-les à reconnaître les signes pour dépister de potentiels prédateurs sexuels;
  • Utiliser une Black List qui empêche l’usage des chiffres dans les zones à risque (ex. clavardage, messagerie privée, etc.) pour prévenir le partage de données personnelles (adresse, numéro de téléphone, etc.);
  • Si vous croyez être devant un cas de prédateur, rapportez la situation à une instance appropriée ou au service de police locale.

Voir la bibliographie.

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20. CYBERINTIMIDATION

Explique le phénomène de la cyberintimidation et donne des indications sur la prévention et l’intervention.

1.1 Qu’est-ce que la cyberintimidation?

C’est une situation dans laquelle un agresseur porte atteinte en ligne à une victime de manière volontaire et répétée dans le but de l’humilier, la menacer ou la harceler. Sur une plateforme participative, ceci se traduit de différentes manières, par exemple :

  • Envoyer des messages indésirables, méchants, menaçants ou insultants;
  • Cibler une personne en invitant les autres à se moquer d’elle;
  • Exercer une pression sur les autres afin d’exclure la victime d’une communauté;
  • Usurper l’identité d’une victime pour prononcer des choses en son nom;
  • Partager des contenus de la victime sans son consentement.

1.2 Comment prévenir la cyberintimidation sur votre plateforme?

La prévention de la cyberintimidation se fait essentiellement par la modération. Le code de bonne conduite numérique détermine les comportements qui ne sont pas tolérés et votre stratégie de modération s’assure que ces règles soient respectées et que des sanctions appropriées soient appliquées en cas de violation.

Vous devez mettre à la disposition des enfants des outils appropriés pour qu’ils puissent vous aviser lorsqu’ils se font intimider sur votre plateforme. Par exemple, une fonctionnalité permettant de bloquer un usager pour empêcher tout contact futur ou encore un mécanisme de dénonciation des usagers.

1.3 Comment gérer un signalement de cyberintimidation?

La cyberintimidation est une problématique grave et les cas de dénonciations doivent être pris au sérieux. En tant que plateforme jeunesse, vous devez sanctionner les agresseurs, et de manière plus générale, faire la promotion d’un code de conduite basé sur le respect des autres.

Les modérateurs doivent avoir des procédures préétablies pour répondre aux signalements de cyberintimidation basées sur votre code de bonne conduite numérique. Des conséquences en gradation, allant d’un simple avertissement jusqu’à la fermeture du compte, doivent être imposées à l’agresseur. Selon la gravité de la situation, vous pouvez diriger la victime vers des ressources d’aide spécialisées.

Chaque pays encadre la cyberintimidation à l’aide de différentes lois en fonction des gestes posés par l’agresseur. Comme opérateur, votre rôle est de sanctionner l’agresseur et de diriger la victime vers des ressources. Voici une liste d’organismes de lutte contre la cyberintimidation par pays :

CANADA

INTERNATIONAL

ÉTATS-UNIS

FRANCE

AUSTRALIE

Les magasins d’applications mobiles ne font pas de mentions particulières de la cyberintimidation dans leurs conditions d’utilisation.

La cyberintimidation est une problématique qui relève de la règlementation.

  • Assurez-vous que votre code de bonne conduite numérique encourage les comportements appropriés et condamne les gestes irrespectueux entre les usagers. Précisez que les manquements répétés au code entraineront l’expulsion temporaire ou définitive d’un usager;
  • Implantez des éléments dans le design de votre plateforme pour donner l’opportunité aux jeunes de réfléchir avant d’agir. Par exemple, des rappels sous en fenêtres pop-up qui s’affichent quelques secondes avec des messages comme « Es-tu certain de vouloir partager ceci? »;
  • Encouragez les victimes à parler avec leurs parents de la situation;
  • Si vous avez le courriel des parents, vous pouvez leur envoyer un courriel pour leur décrire la situation et expliquer comment vous avez géré la situation. Ceci vaut autant pour les parents de la victime que ceux de l’agresseur;
  • Lorsque vous intervenez auprès d’un agresseur, vous devez le faire de manière à ce que l’usager comprenne : 1. Quel est son comportement fautif; 2. En quoi ce comportement viole-t-il le code de bonne conduite numérique; 3. S’il commet cette offense à nouveau, quelle sera la conséquence. Par exemple :

« Sur notre plateforme, nous ne tolérons pas le manque de respect envers les autres usagers. Ton commentaire “Insérer le commentaire” du 1er janvier 2011 adressé à Usager12 ne respecte pas notre code de bonne conduite numérique [donner un lien vers votre code]. Ceci est ton premier avertissement. Si tu manques à nouveau de respect envers un autre usager, ton compte sera suspendu pour 3 jours. »

Voir la bibliographie.

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19. RÉSEAUX SOCIAUX GRAND PUBLIC

Présente la problématique entourant l’intégration de réseaux sociaux grand public (ex. Facebook, Instagram, Twitter) dans une plateforme jeunesse.

1.1 L’intégration de médias sociaux grand public dans une plateforme jeunesse

L’intégration de médias sociaux fait couramment partie des stratégies marketing pour des produits « grand public ». Par contre, dans le cas d’une plateforme jeunesse, cette pratique devient problématique.Pour se conformer à la législation américaine sur la collecte de données personnelles, la plupart des réseaux sociaux grand public requièrent que l’usager soit âgé de 13 ans et plus pour s’ouvrir un compte. Aussi, ces plateformes étant très peu modérées, elles exposent les enfants à différents dangers : contact avec des étrangers, cyberintimidation, contenus inappropriés, etc. Intégrer des médias sociaux à votre plateforme lance donc un mauvais message : vous invitez l’enfant à mentir sur son âge (fiche 7, 1.2) pour utiliser des sites web interdits aux moins de 13 ans qui risquent de l’exposer à divers dangers.Vous avez la responsabilité de créer un environnement sécuritaire qui n’encouragera pas vos usagers à mentir pour accéder à des sites web potentiellement dangereux pour eux.

En général, les organismes de règlementation considèrent que les réseaux sociaux grand public ne sont pas appropriés pour les moins de 13 ans puisqu’ils exposent leurs usagers à différents risques. Un enfant ne possède pas la maturité nécessaire pour faire face à ces risques. Les États-Unis sont le seul pays qui donne des indications précises sur l’intégration des médias sociaux grand public.

ÉTATS-UNIS

Children’s Online Privacy Protection Act (COPPA)Loi fédérale visant la protection des données personnelles collectées en ligne de citoyens américains de moins de 13 ans. Elle s’applique même pour les compagnies basées à l’extérieur des États-Unis.L’opérateur est responsable de s’assurer qu’une tierce partie qui collecte des informations personnelles à partir de sa plateforme le fait de manière conforme aux normes de la COPPA. Ceci inclut les plug-ins des réseaux sociaux grand public qui contiennent souvent une technologie de suivi tels que le bouton « J’aime » de Facebook ou le bouton « Suivez-nous sur Twitter ». Les réseaux sociaux grand public ne se soumettent pas aux normes de collecte de données personnelles de la COPPA : si votre plateforme s’adresse à un public de moins de 13 ans, vous ne devez pas les intégrer.

Informations complémentaires :

Federal Trade Commission : Complying with COPPA : Frequently Asked Questions

App Store d’Apple

L’App Store recommande d’indiquer dans la présentation d’une application Kids si elle contient des fonctionnalités sociales, c’est-à-dire qui mettent l’enfant en contact avec d’autres usagers et qui permettent de partager des informations à travers l’application (ex. palmarès de pointage d’un jeu, fonctions de partage sur un réseau social, etc.).

Informations complémentaires sur l’App Store d’Apple.

Les grands organismes d’autorèglementation canadiens ne font pas mention de l’intégration des réseaux sociaux grand public dans les plateformes jeunesse.
  • Si le public cible de votre plateforme est exclusivement dans la tranche des moins de 13 ans, évitez l’intégration de médias sociaux grand public;
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Source : Justin’s World
  • L’intégration de médias sociaux grand public sur une plateforme pour les 13 ans et moins devrait strictement se limiter à la section dédiée aux parents;
  • Si vous intégrez des médias sociaux dans la section dédiée aux parents, placez une barrière parentale adaptée à l’âge de votre public cible pour empêcher aux enfants d’accéder à cette zone;
  • Si votre public cible se situe en partie dans la tranche des moins de 13 ans, installez un système de filtration des usagers basé sur l’âge. Vous pourrez ainsi limiter l’intégration des médias sociaux grand public à la portion du site destiné aux 13 ans et plus;
  • Si vous utilisez un système de filtration des usagers basé sur l’âge, pour ne pas « souffler » la réponse aux enfants, il est préférable de demander d’indiquer sa date de naissance (JJ/MM/AAAA) plutôt que de demander de cocher « 13 ans et plus » ou « 13 ans et moins ».

Voir la bibliographie.

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